ce jour-là dans sa voiture, il dit que ma tenue était un appel au crime
ce jour-là dans ma pensée, j’ai senti que je négociais je reprendrais ça avec lui
d’autres jours il y eut des envolées de mon coeur, des yeux qui pétillent puissamment
d’autres jours il y eut des atterrissages lucides, lui et moi ça se terminerait un jour

je le savais je le sentais. parfois ça s’éloignait ça revenait toujours.

ce jour-là dans mon lit, il prépara mon corps à être abusé
ce jour-là dans ma pensée, tout se figeait se brisait c’était terminé
il s’est arrêté se félicitant de ne pas être allé au bout. au bout de quoi ?
j’aurais pu encore négocier, je l’ai fait : j’ai discuté avec lui j’ai écrit je me suis racontée

il m’a ignoré.

à quoi je m’attendais ? à davantage de délicatesse j’imagine puis j’ai réalisé
ce n’était que la pointe visible de l’iceberg, je devais raccrocher tous les évènements
j’ai rassemblé les affaires cadeaux attentions lettres tout est rentré dans un pot de yaourt de 2,5L
sept ans et demi dans un pot de yaourt, presque la théorie du pot de yaourt de titiou lecoq

j’ai rigolé mi amère mi franchement
puis
je me suis rendue compte de mon aliénation.

j’ai si peu parlé de cette relation
je me suis toujours trouvé différentes excuses
je savais que certaines choses ne seraient pas entendables
je savais ce que je dirais à des meufs si elles me disaient le quart.

oui il m’a fait rire sourire pas jouir faut pas abuser, il m’a pris dans ses bras aussi. la base non ?
il m’a soutenu, il m’a aidé financièrement parfois. et alors ? quoi de bizarre ?
il m’a si peu dédommagé pour l’ensemble

mon investissement pour son taf – nos relations sex sans plaisir partagé – ses mauvais conseils – le fait que je reste le plus discrète possible que je n’aille pas trop à des manifs féministes pour ne pas que ça lui porte préjudice (sans qu’il me le demande clairement) – les retours de trauma qu’il a réactivé – toutes ces fois où j’ai attendu un minimum de trop – quand il me faisait croire qu’on partirait ensemble en vacances – nos moins de 10 nuits ensemble en sept ans et demi – …

il m’écrit avoir de l’amour parce que la fin est proche – comme souvent
il m’écrit avoir beaucoup d’affectation – oui affecté à son poste d’homme
il me parle d’imprégnation – quoi ça ? team jacob ?

je me suis remerciée des choix que j’ai fait avant : pas de pédagogie, pas de négociation de mes limites.
je me suis remerciée de me choisir cette fois-ci : pas de minimisation de son acte.
je me suis remerciée de me sécuriser dès maintenant : confiance en mon analyse, méfiance envers lui

il faut savoir préparer la fin
et la poser.